lundi 4 juin 2007

2 juin 2007 : que la Charente est belle !

Juste le temps d'aller acheter du pain pour Maman et pour me préparer des sandwiches, et l'autorail de 8 h 48 m'attend. Adieux brefs, je rentre au bercail. Petite balade dans Bordeaux entre deux trains, le quartier Saint-Michel est noir de monde - c'est le grand marché du samedi - et de voitures au touche-touche. Dans le TER pour Angoulême, ancien, accrochage du vélo en l'air, pas facile, dans le local du contrôleur. Je le bloque à l'échelle avec un tendeur.
Impossible de faire Bordeaux-Poitiers avec un seul train, si on est à vélo. J'ai 5 heures de battement à Angoulême. Aussi, je décide de me rapprocher de Poitiers, au moins jusqu'à Ruffec. J'ai repéré sur la carte la route de Mansle, en passant par Balzac et Saint-Amant de Boixe. Oui, mais entre la carte et la réalité, c'est plus complexe, Balzac n'étant nullement indiqué sur des panneaux indicateurs à Angoulême... Après quelques détours, je finis quand même par trouver. La route est sympathique, succession de montées et de descentes qui laissent peu de temps au repos des jambes.
Sous le soleil, je traverse Balzac (très probablement site du château de l'écrivain du XVIIème siècle Jean-Louis Guez de Balzac, sans rapport avec le romancier du XIXème, à noter quand même que ce dernier a situé en Charente les débuts de Lucien de Rubempré, avant qu'il ne perde ses illusions à Paris, en compagnie de Vautrin et de courtisanes), puis Montignac, dont je salue le donjon altier, Saint-Amant de Boixe, où je m'arrête un instant pour souffler et visiter l'abbatiale, d'une magnifique architecture romane, lieu où souffle l'esprit.
Le département de la Charente est magnifique, mais ça n'est jamais plat. Ce devrait être une pépinière de champions cyclistes, car ça affûte les mollets et les cuisses, mais comme je ne croise aucun jeune, enfant ou adolescent, je doute encore d'un avenir pour le cyclisme professionnel en France. Il est vrai que les dernières révélations de Riis sur son Tour de France gagné à l'EPO n'ont rien d'encourageant. D'ailleurs, tout au long de mon parcours, et alors même que j'imagine dans ma tête une histoire de coureur cycliste (à écrire ultérieurement), je me demande quand même comment il est possible d'atteindre des vitesses moyennes de 45 km à l'heure, voire 55 ou plus dans les étapes contre la montre, sans être abominablement dopé. Certes, je ne suis pas un costaud. Certes, je ne recherche pas la vitesse, je baguenaude, je flâne, proche du chemineau. Certes, je n'ai pas un vélo profilé et super léger. Certes, je transporte des bagages... Mais tout de même, entre mes 20 km à l'heure (dans le meilleur des cas) et ces vitesses phénoménales, il y a une telle marge que j'ai du mal à comprendre... Et vu la vitesse atteinte dans les étapes de plaine, on voit bien que les vrais grimpeurs n'ont aucune chance aujourd'hui, étant laminés avant même d'entamer la montagne... En tout cas, sans dopage, de tels exploits me paraissent relever de l'impossible ! Et, dopés ou pas, je leur tire mon chapeau, sauf que je me demande ce qu'ils voient du paysage, eux...
A la sortie de Mansle, j'avise un petit panneau, RUFFEC 22 km, avec un dessin de vélo à côté. Voilà donc une "voie verte", puisque c'est ainsi qu'on désigne les voies agréables aux cyclistes en France, et où les automobilistes pressés sont priés de faire attention. Comme c'était la route que j'avais effectivement prévu de prendre, j'ai aperçu le panneau. Que n'en y avait-il un dès la sortie de la gare d'Angoulême ? Ça m'aurait évité bien des soucis pour sortir de la ville. Je traverse Bayers, où je regarde un instant le beau château médiéval, puis Verteuil-sur-Charente, "village historique" aux maisons anciennes nombreuses, et où fut fondée, en 1958, l'Association des Vieilles Maisons Françaises, dans le château, précisément. Visiblement, le site est très touristique : nombreuses chambres d'hôtes, cars, voitures en grand nombre. Je croise deux cyclistes surchargés qui descendent, sans doute vers Compostelle.
Ruffec aussi est une belle bourgade. Au passage, je vois que la Médiathèque, qui était à l'état d'avant-projet quand j'étais à la DRAC, est sortie de terre, et semble fort belle, derrière ses verrières teintées. C'est là que je reprends le train pour Poitiers, car avec tous mes arrêts, et ma vitesse moyenne lente, je n'ai plus assez de temps pour atteindre la gare suivante : Saint-Saviol, qui semble d'ailleurs assez difficile à trouver, étant située en rase campagne. Rossinante n'en peut plus. Et moi non plus... Pas de crevaison dans ces 1020 km (total de mes randonnées de cyclo-lectures, le reste étant du train), ni une goutte de pluie... Mais je n'aurais pas souvent eu le vent dans le dos, ce qui m'aurait bien aidé parfois... Toutefois, à défaut de piqûre d'EPO, je me suis shooté à la POEsie, c'est aussi bien, et nettement meilleur pour la santé.
Après être sorti sans problème de la gare de Poitiers, je rallie la maison, aussi hâve, paraît-il, que le chevalier à la triste figure, et prêt à jouer Don Quichotte dans le futur...
A suivre...

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