jeudi 29 janvier 2009

29 janvier 2009 : à quand la manifestation des fauteuils roulants ?


Je n’ai pas pu participer à la manifestation aujourd’hui. Tout de même, j’ai pu m’échapper un instant à vélo jusqu’aux lieux du défilé, et aller voir la foule. Tâter la température, voir des visages souriants, des gens qui se parlaient. Du monde et du beau monde. Et nombreux ! Une réussite. Faut dire que le beau temps était de la partie…

Fabuleux, donc. Bien sûr, le peu que j’ai entendu des slogans montrait, comme toujours, un manque d’inventivité et de poésie qui me navre. On ne refera pas les leaders syndicaux, et s’ils étaient poètes, ça se saurait.

N'ayant pas regardé la télévision-poubelle, qui ne se repaît que de ça, je ne sais si la manif’ s’est terminée dans le calme ou avec quelques bris et dégâts, voire des heurts avec la police, comme c’est souvent le cas, du moins à Paris et dans les grandes villes.

Les fameux casseurs… Ces casseurs à la petite semaine qui brisent des vitrines, des abribus et incendient quelques voitures ou quelques poubelles, seraient des barbares ! Nous, nous sommes des civilisés. Civilisés, mon œil !

La société ne devrait pourtant pas tellement se plaindre des casseurs. Ils ne font, en petit, que ce que les états font en gros : il suffit de voir comment l’état d’Israël a tout "cassé" à Gaza pendant trois semaines, ou les Américains au Vietnam autrefois et en Irak naguère. Oui, mais ces dégâts-là font partie de la norme, de la civilisation, et même peut-être sont une partie naturelle du capitalisme. Après tout, c’est bien la grande casse de 1939-1945 qui a réussi à nous faire sortir de la crise de 1929. Puisque après la guerre, il a fallu tout reconstruire, on voit bien que la casse a du bon.
Quand on réfléchit là-dessus un tant soit peu, ça fait peur : qu’est-ce qui va arriver pour sortir de la crise actuelle ? Qu’est-ce que les dirigeants du Forum économique mondial de Davos vont bien vouloir – ou pouvoir – sortir de leurs chapeaux ? Vers quelle casse universelle va-t-on ?
[José Saramago écrit sur son blog le 3 février 2009 : "On parle surtout d'un inquiétant manque d'idées, allant jusqu'à admettre que l'« esprit de Davos » est mort. Personnellement, je ne me suis jamais rendu compte qu'il planait par là un « esprit », ou quelque chose méritant plus ou moins cette désignation. Quant au manque d'idées allégué, je suis surpris que ce ne soit que maintenant qu'on y fasse référence, dans la mesure où des idées, ce que, avec tout le respect, nous appelons idées, il n'en est jamais sorti une seule pour échantillon."] 
 

Alors, les petites casses d’après manifestations ne sont que des broutilles, des minuscules dommages collatéraux, comparés à ce qui se fait en grand par des avions larguant leurs bombes au nom de la civilisation.

On a bien le droit de manifester, et même d’avoir envie de casser !

Quand je vois l’impossibilité qui est faite aux handicapés en fauteuil roulant de circuler dans nos villes - je suis obligé de pousser Claire dans la rue, les trottoirs sont inaccessibles ou trop étroits, ou encombrés de voitures, de poteaux électriques et d'obstacles divers - j’attends avec impatience la grande manifestation de tous ces nouveaux damnés de la terre, et s’ils cassent quelque chose, ce n’est certes pas moi qui les désavouerait. Ah non, alors !



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