mardi 19 janvier 2010

16-17 janvier 2010 : le salon du prêt-aux-découvertes



Aujourd'hui vivants, demain morts, que nous importe d'amasser ou de ménager, nous ne comptons que sur le jour que nous vivons et jamais sur celui que nous avons à vivre.

(Alain Jaubert, Val Paradis)



Oserai-je un compte rendu de ce week-end magnifique à Thénac (Charente-maritime), où j'étais invité au salon artistique et littéraire Quand l'écriture prend le large. Je ne sais pas si avec moi elle avait pris le large ! Mais en tout cas, ce fut une bouffée d'air marin qui m'est tombé dessus, comme un avant-goût de mon prochain voyage.

Tout a commencé le vendredi après-midi par des lectures en prison, à la Maison d'arrêt de Saintes. Accueilli par Agatne M., bibliothécaire à Saintes, membre de la Ligue des droits de l'homme et quelques autres bénévoles de l'animation socio-culturelle, je suis passé d'abord au quartier hommes, où j'ai lu deux extraits de mon Journal d'un lecteur ("l'amitié" et "l'hospitalité"), puis une bonne part du magnifique livre de Varlam Chalamov : Mes bibliothèques (éd. Interférences) : "Les livres sont des êtres vivants. [...] Les livres sont ce que nous avons de meilleur en cette vie, ils sont notre immortalité." Une discussion a suivi, très intéressante, sur l'écriture et la vie. J'ai été frappé par la concentration de la dizaine de détenus, par leur attention. Il est sûr que Chalamov, qui témoigne qu'au fond du Goulag, dans les mines de la Kolyma, "chaque heure qui passait nous apprenait combien fragile est le vernis dont la civilisation revêt l'être humain", leur proposait un texte fort et impressionnant. Dans le quartier femmes, j'ai lu des nouvelles dont les héros sont des enfants, car je sais à quel point leur plus grande souffrance en prison, peut-être plus que l'absence des hommes, est celle de leurs enfants.

Le soir même, j'étais à Thénac, logé dans les chais, où je me suis installé dans une des chambres d'hôte, immense, hyper luxueuse, avec un lit où l'on aurait pu tenir à trois, une baignoire où j'aurais presque pu nager... Au restaurant, je retrouve quelques-uns des auteurs invités, avec qui je fais connaissance : Eric Fayet, grand connaisseur de la Tanzanie et des Massaï (http://www.legendes-tanzanie.com/acteurs.html), Pierre Schmitt, auteur d'un raid à pied, sans assistance, dans le massif du Ténéré (Sahara : http://www.pierreschmitt.com/), Christelle Guénot : http://www.christelleguenot.com/, magnifique illustratrice, venue avec son mari et sa petite fille, Zoé, ainsi que Antonia Neyrins et l'illustrateur congolais Pat Masioni (Rwanda 1994, bande dessinée). On se lie quasiment d'amitié sur-le-champ. Je les reverrai tout au long du salon, achetant leurs livres, dvd, promettant même d'aller les voir à l'occasion (Eric est de Clermont-Ferrand ! et je verrai prochainement Christelle à Paris).

Après une nuit exceptionnelle (dix heures de sommeil d'affilée, il est vrai que je m'étais réveillé à quatre heures et demi le vendredi matin), je rejoins le salon. C'est tout bonnement magnifiquement installé, je me retrouve entre Olivier Merbau, auteur de deux romans sur les pirates et sur la Chine ancienne, et Laurent Merer, ex-vice-amiral d'escadre. En face de moi, Jean-Paul Léger, ex-officier de marine marchande, avec qui je ne manque pas de poser des questions sur les voyages en mer. Tout près, Marc Vella, le pianiste des sables (http://www.marcvella.com/), et le conteur touareg Moussa Ag Assarid (http://agassarid.free.fr/livres.php). Je virevolte de stand en stand, découvre Hervé Bellec et son livre Les sirènes du Transsibérien, Hadrien Rabouin, le plus jeune auteur, même pas vingt ans, dont le Journal d'Hadrien et Camomille, où il relate son périple de 1300 km à travers la France en compagnie de sa vache, sera bientôt suivi d'une relation de son voyage récent en Amazonie. L'éditeur Magellan... Des auteurs pour la jeunesse, des auteurs de bd, des romanciers et écrivains de la région... Je découvre, je palpe les livres, je regarde les expositions (peintures de Nadine Salem, photos de Venise d'une photographe dont je n'ai malheureusement pas relevé le nom, des expositions faites par des scolaires, des maquettes d'avion de la base aérienne), je fais un tour aux conférences. et autres animations, dont le concert du pianiste... Je ne vais pas citer tout le monde, il y a là plein d'originaux comme je les aime, mon périple à côté des leurs fait pâle figure, mais j'achète à tour de bras ouvrages, disques et films... J'aurais dû apporter une malle !

Le soir, invitation à la base aérienne de Saintes. Le colonel et Madame nous reçoivent ; excellent repas. Ma voisine de table me signale le livre québecois La tournée d'automne, sur un bibliothécaire ambulant. Et le dimanche, de nouveau, le salon, sans la nouveauté du premier jour, mais on renforce les liens déjà éprouvés, on s'embrasse, on rigole, et la journée est magnifique, après la bruine d'hier. Extrêmement bien organisé, avec un savant mélange des genres d'écrivains, ce salon est tout bonnement remarquable : bravo à Françoise Souan, l'organisatrice bénévole et à son équipe. J'y ai trouvé des livres que je n'ai vu nulle par ailleurs (L'homme qui mesurait sept chaussettes et demi, par exemple ! Ou bien les aventures du Sherlock Holmes saintongeais, Sosthène Cagouillard
!), fait connaissance de gens extraordinaires (cf le site du salon : http://www.thenac.fr/Mediatheque/Salon_du_livre/salon_du_livre.html), découvert des envies nouvelles de me déplacer, et sans doute pris pas mal de contacts, reçu une invitation pour une tournée en Bretagne, notamment.




Oui, la vie est funambulesque, il suffit de marcher sur le fil et de regarder autour de soi.

1 commentaire:

antonia neyrins a dit…

Merci pour ce petit clin d'oeil fort sympathique. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir.
antonia