dimanche 7 octobre 2012

7 octobre 2012 : message d'outre-tombe


l'homme libre, […] étranger à l'ambition, ardent au travail, dédaigneux du commandement, rebelle à la soumission, […] animé de fraternité...
(Anselme Bellegarrigue, L'Anarchie, journal de l'ordre, n° 1)


Puisque comme hôte, j'ai commencé à recevoir Alejandra, la jeune Colombienne que la Chorale humanitaire de Saintes m'envoie, j'ai fouillé dans nos archives et retrouvé le document qui suit, le texte du discours que Claire avait composé et lu en juin 2008, lors de la fête organisée à Poitiers, à l'occasion du départ en Colombie de deux de nos premiers invités, David et Alexander. Je rappelle qu'elle était alors déjà très diminuée. Je lui laisse la parole, pour montrer combien elle s'y connaissait en matière de liberté et de fraternité, et combien elle nous montre encore la voie. 


Cette rencontre de nos étudiants colombiens, des membres de l'association « chorale humanitaire », avec leurs hôtes, leurs formateurs, les groupes de chant de Syrinx (école de musique de Poitiers), les relations et amis que ces étudiants se sont faits sur Poitiers, est certainement un moment très fort pour tous.
En tant que hôtes, je voudrais raconter un peu la genèse de notre engagement envers ce projet en 2007/2008, la richesse de celui-ci, et son avenir pour nous.
1 : La genèse d’abord :
Je fais partie de l'école de musique Syrinx où, avec Caroline Monamy comme intervenante musique, nous apprenons le mercredi soir des chants latino-américains. Lorsqu’un beau soir d’octobre, une des participantes du groupe, Myriam Laurent, nous a demandé si quelqu'un d'entre nous pouvait recevoir, épisodiquement, un, deux ou trois jeunes étudiants d’origine colombienne, les nourrir et les héberger lors de leurs formations ponctuelles sur Poitiers.
Je sautais sur l'occasion trop belle pour pouvoir parler un peu espagnol ; je pensais me sentir utile aussi, avec Jean-Pierre, dans leur apprentissage de la langue française ; et puis, parce que la Colombie, le pays dont ils étaient originaires, ne m'était pas inconnue : quand j'avais seize ans, ma professeur d'espagnol, passionnée par son métier et amoureuse de l'Amérique latine m'avait mis en contact avec un correspondant colombien de Medellín : Francisco.
2 : La richesse de notre rencontre :
La rencontre s’est faite tout simplement avec nos trois jeunes Colombiens qui sont revenus, à tour de rôle, deux à la fois, environ à sept ou huit reprises, dans notre foyer ; ils y sont devenus de vrais rayons de soleil, dans notre vie si difficile cette année. Chaque membre de la famille [moi, Jean-Pierre et accessoirement, Lucile, quand elle était là] a rivalisé de talent pour être le plus aidant possible.
De leur côté, ces jeunes ont été discrets, polis, souriants, peu exigeants, bref des étudiants de rêve ! Je suis sûre qu'ils ont dû mesurer la chance qu'ils avaient d'avoir été sélectionnés pour cette formation musicale... et cette expérience internationale.
Et peut-être seront-ils mieux armés à présent pour se faire une place correcte au soleil de Colombie, où le chômage est une des plaies endémiques.
3 : L’avenir du projet de chorale humanitaire
Je sais que votre projet va continuer.
Je ne peux qu’encourager ceux qui le peuvent à se mettre en avant, à accueillir ces jeunes d’un pays injustement connu seulement pour son cartel de la drogue. On apprend beaucoup en conversant avec eux : la géographie du pays, leur manière de vivre, d’étudier, de survivre, parfois… Si on parle un peu espagnol, on réactualise ses connaissances, et en échange, on aide ces jeunes dans la résolution des difficultés nombreuses de la prononciation et de la langue française.
Pour notre part, nous renouvellerons avec grand plaisir notre hospitalité. Pour que cette tradition française ne soit pas un mot creux.
Claire

Avec un tel encouragement, je ne peux que continuer, et vais trouver l'aide, cette fois-ci, de mes sœurs, qui me remplaceront dans l'accueil quand je serai absent de Bordeaux.

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