samedi 1 novembre 2014

1er novembre 2014 : textes du mois, pas de moi


Ils croyaient peut-être, comme bien des gens, que ce qu'ils voyaient à la télé était plus important que les choses de la vraie vie.
(Jacques Poulin, Les yeux bleus de Mistassini, Actes sud, 2011)


Le temps que l'on met à se déplacer d'un point à un autre est souvent un temps un peu ingrat, que l'on souhaiterait raccourcir au bénéfice d'autres activités. D'où l'appétence pour des moyens de transport de plus en plus rapides. Mais au fur et à mesure que les moyens de transport rapides se développent, le monde se reconfigure en fonction d'eux. Les lieux d'habitation, de travail, de loisir, où l'on peut faire ses courses, s'éloignent les uns des autres, dans des proportions telles qu'au bout du compte, nous passons plus de temps à nous déplacer d'un lieu à un autre que nos ancêtres qui allaient à pied ou en carriole. L'automobile, en se perfectionnant et en se généralisant, ne fait pas qu'augmenter notre pouvoir d'action, elle le diminue aussi, en ruinant la possibilité de vivre en ne se confiant qu'à ses jambes. De plus, pour un grand nombre de personnes, une bonne partie du temps de travail sert à gagner l'argent qui permet d'acquérir et d'entretenir le véhicule nécessaire pour aller travailler.
[...]
Il y a un paradoxe qui donne à penser : depuis deux siècles, un activisme inouï a été déployé pour transformer le monde et le rendre plus conforme aux attentes de l'être humain. Et aujourd'hui, c'est l'être humain qui est sans cesse sommé de s'adapter au monde tel qu'il va.
Olivier Rey : La perte de la mesure (in La décroissance, n° 114, novembre 2014, p. 3-4), extraits.

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