dimanche 11 janvier 2015

11 janvier 2015 : départ ???

On n'exécute pas tout ce qui se propose,
Et le chemin est long du projet à la chose.

(Molière, Tartuffe, Acte III, scène 1)

Toujours sur le plancher des vaches pour ce voyage en gestation depuis déjà une bonne année et un quart ! Le cargo n'est pas encore à quai !!! Il est signalé "en rade", et rien ne dit qu'il ne me faudra pas encore une nuit ici, puisque je viens de voir que son départ a été reculé encore (hier signalé le 11 à 23 h, ce matin le 12 à 14 h). Il faudra que je rappelle l'agent portuaire pour éventuellement annuler mon taxi de cet après-midi !

Je commence quand même à trouver l'attente fort longue. Pourtant Dieu (devenu un gros mot après les événements récents) sait si je suis devenu patient. Je me suis donc baladé dans les rues du centre du Havre, j'ai admiré les immeubles dus à Auguste Perret, le temps a été clément, relativement doux (10/12 °), trouvé les programmes de cinéma bons : j'ai vu La famille Bélier, succès mérité (mais faut aimer Michel Sardou), La rançon de la gloire, bel hommage à Charlie Chaplin, Valentin Valentin, un Pascal Thomas de bonne cuvée et un festival d'acteurs et d'actrices, Les héritiers, film un peu idéaliste (mais que ça fait du bien !) sur l'éducation des adolescents dans notre société malade, Queen and country, une éducation sentimentale et militaire dans l'Angleterre de 1952, et une belle reprise de Quatre garçons dans le vent, avec les Beatles, que je n'avais jamais vu, et qui m'a beaucoup fait rire.

Je suis aussi allé à la Bibliothèque municipale, où j'ai feuilleté la presse, à propos de l'affaire qui agite tout le Landerneau médiatique. Quelle pub la télévision fait à cette bande d'assassins débiles ! On ne parle que d'eux, et nul doute qu'ils vont faire des émules. De la même manière que certains se radicalisent en prison, d'autres le font devant leur télévision et internet : combien de jeunes, remplis du mépris de soi (renvoyé par le regard sociétal) passent ensuite à la haine des autres et, qui sait, risquent de passer à l'acte un jour. Et le fait que le massacreur de Gaza ait été invité à la manif d'aujourd'hui va en radicaliser quelques-uns de plus.

Il faudrait sans doute lire Radicalisation (qui vient de paraître à la Maison des Sciences de l'Homme), de Farhad Khosrokhavar, sociologue franco-iranien qui examine le problème. Je l'achèterai à mon retour. La table des matières est prometteuse : titres des chapitres "Sens et enjeux de la notion de radicalisation / Histoire de la radicalisation / La radicalisation islamiste dans le monde musulman /  L'intelligentsia jihadist et sa mondialisation / La Toile / Les finances de la radicalisation / Les lieux de radicalisation /  Le rôle ambivalent de la frustration dans la radicalisation / Le modèle européen de radicalisation / Le nouveau radicalisme en marche / Radicalisation versus déradicalisation". Tout un programme, un livre à mettre sans faute dans les bibliothèques publiques et universitaires... Et qui remplacerait sans mal tant de best-sellers débilitants et inutiles...

La question que je me pose : quand je vois tant de gens se balader avec le panneau Je suis Charlie, combien lisaient réellement ce périodique, voire même le connaissaient, je tombe des nues ; sans doute même, un grand nombre détestait leur genre d'humour ! Charlie hebdo a fait l'an dernier appel à souscription, ils étaient au bord de l'asphyxie financière, ne tiraient plus qu'à 30000 exemplaires, ce qui est peu, surtout sans pub.

Sur ce, bon vent, à vous aussi !


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