La
fin, tant proclamée des idéologies, cachait en effet la domination
sans partage d'une idéologie qui s'est matérialisée dans la
société du spectacle. Une société où le spectacle est le
discours ininterrompu que l'ordre présent tient sur lui-même en
tant que monologue élogieux.
(Sergio
Ghirardi, Lettre
ouverte aux survivants : de l'économie de catastrophe à la
société du don,
Éditions libertaires, 2014)
Que
puis-je rajouter à ce que j'écrivais hier ? Je ne retire rien,
malgré les lettres que j'ai reçues sur l'étonnante
comparaison (que j'ai osée) avec l'Allemagne de Hitler. La grande différence, c'est
qu'aujourd'hui, c'est bien plus subtil et feutré. Nul besoin d'envahir la Grèce
comme on a envahi les Sudètes en 1938,
on (c'est-à-dire les fameux "investisseurs",
en fait des spéculateurs – appelons les choses par leur nom -, et
relisons
L'argent
de Zola !)
va s'emparer ("privatiser") de ses chemins de fer, de ses autoroutes, de ses banques, de ses ports,
etc.,
bref,
des rares services encore en état de marche et qui devraient être publics. Pour le plus
grand profit de nos oligarques mondialisateurs.
Tsipras
s'est couché. Je suis écœuré, et sans doute pas le seul, même si j'espère que c'est seulement provisoire. Désormais, qui va
pouvoir continuer à voter encore à gauche ? "Le temps est venu d'en finir avec
les illusions d'une politique électoraliste où élire ses
représentants ne sert à rien sinon à déléguer son inexistence",
nous rappelle Sergio Ghirardi dans son excellent
livre, que j'ai découvert
à Montpellier, au Salon du livre où il était présent.
Et
dire qu'en ce même jour, 14 juillet, on (notre peuple) a pris la
Bastille !!! Mais c'était en 1789. Plus personne ne s'y risquerait aujourd'hui...
C'est devenu trop dangereux : "Ils
ont donc fini par criminaliser même l'adhésion à l'idée de
révolution",
remarque Jean-Marc Rouillan dans sa postface à Je hais les matins ; il fut pris à partie par des policiers lors
d'un passage récent en Grande-Bretagne et menacé d'être renvoyé en prison, parce qu'il avait répondu
affirmativement à la question : « Êtes-vous toujours un
militant révolutionnaire ? » Eh, mon Dieu, pourquoi
aurait-il répondu négativement ? Ni Auguste Blanqui, ni Louise
Michel, ses grands ancêtres, ne se sont repentis, et
ils ont bien eu raison.
Les autocrates aiment bien qu'on se repente et
donc qu'on leur mente
(Staline et les fameux
aveux extorqués, les Américains à Guantanamo s'y sont essayés
aussi), ce qui entre parenthèse prouve bien qu'on est toujours dans
le religieux, même quand on se prétend guidé par la déesse
Raison.
Aucun doute : les hommes aiment les barreaux !
(photo prise sur le Matisse)
(photo prise sur le Matisse)
"Nous
nous battons pour une dignité de l'humain qui ne se mesure pas et
qui sera de toute façon toujours en porte-à-faux des critères
chiffrés", nous rappelle Vincent Cheynet, dans l'excellent
numéro de La
Décroissance
de
juin 2015. Voilà une chose que nos obtuses élites, de gauche comme
de droite, sont totalement incapables de comprendre. Face à ces
chênes présomptueux, soyons des roseaux : plions, mais ne rompons
pas !
Il
reste encore tant de Bastilles à prendre ! Et
quand donc aurons-nous droit à autre chose que des défilés
militaires pour fêter le 14 juillet ?
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