samedi 25 juillet 2015

25 juillet 2015 : l'homme au vélo



Il n'est pas nécessaire de comprendre les livres ; l'inspiration qu'ils éveillent en nous, souvent simplement parce qu'on les prend en main et qu'on les lit, peut suffire. L'important n'est pas le livre, mais le lecteur.
(Imre Kertész, L'ultime auberge, trad. Natalia Zaremba-Huszvai et Charles Zaremba, Actes sud, 2014)

Lucile achève la fin de son séjour en France, marqué par de fortes dépenses médicales (elle doit faire l'avance) ; elle m'accompagne au marché. Au retour, nous croisons Huguette, une des dames de ma tour. Elle m'apprend que j'ai acquis un nouveau surnom, L'homme au vélo. Il y a deux ans, c'était le vieux bio. Ça m'est bien égal, je suis effectivement les deux.
Depuis mon séjour à La Rochelle, où je faisais mes 20 km par jour, j'ai repris avec beaucoup de plaisir cet instrument, non seulement pour circuler dans Bordeaux, mais aussi pour aller voir mon frère en Dordogne (train + vélo, au retour, quand même plus de 50 km). Je l'ai emporté dans le train à Poitiers il y a quinze jours, où j'ai pris un plaisir inouï à grimper sur le plateau ou à tournicoter autour de Poitiers, pour revenir de Mignaloux-Beauvoir, où j'avais passé la nuit chez ma sœur Danièle. Par suite d'un défaut mécanique, je l'ai porté à réparer, et j'ai pris une carte annuelle du Vcub (le prêt de vélos urbains), ce qui m'a dépanné et me permet d'en faire bénéficier mes visiteurs. Grâce à quoi, avec Lulu, nous avons fait des déplacements un peu plus longs, et en particulier, nous avons fait le tour du lac, il est vrai peu éloigné de chez moi, mais l'aller-retour doit dépasser les 15 km. En tout cas, une balade d'une heure, avec changement de Vcub au Camping (le principe est qu'on doit le garder une demi-heure), à peu près à mi-parcours. On a pu voir le lac grâce à cette magnifique piste cyclable, apercevoir le nouveau stade avec son parking recouvert de panneaux photo-voltaïques, et agiter nos muscles et nos neurones, puisque le vélo oxygène le cerveau !
Ceci étant, pas sûr que je puisse faire la randonnée projetée cet été. Je n'en mourrai pas. Je lis intensément, vois de bons films aussi. Les visiteurs sont nombreux à venir me voir, et je me déplace aussi pour aller voir, notamment à Poitiers, ceux qui ont eu l'habitude de mes visites régulières. C'est pas avec moi que la SNCF fera faillite, et mes moyens me permettent de préférer nettement ce mode transport à la voiture, ou au co-voiturage. C'est aussi moins dangereux pour moi qui me sens incertain au volant, ou en tout cas raisonnablement pessimiste, vu les 90 % d'automobilistes qui "croient être plus sûrs que le conducteur moyen et avoir moins de chances d'être impliqués dans un accident grave" (ce que Libération du 22 juillet appelle l'optimisme irréaliste).
Donc le vélo, oui, encore et toujours, tant que j'y tiendrai sur mes jambes. Et des livres, oui, tant que je serai capable d'en tenir en mains et d'avoir des yeux en état pour les lire. Et des films, oui, tant que je serai capable de me déplacer au cinéma ou dans les festivals. Et l'amitié, oui, car elle seule permet de survivre, de créer un semblant d'humanité dans ce monde de brutes, dans ce monde infernal où l'économie de marché (principalement celui des armes, qui semble bien mener le monde, comme si sauvegarder des emplois chez les marchands d'armes avait du sens en matière d'humanité) nous transforme en pantins, pieds et poings liés entre les mains des spéculateurs de toutes sortes qui tirent nos ficelles.
L'important, comme dit Kertész, c'est le lecteur, plus que le livre. J'ajouterai que c'est le cycliste, plus que le vélo, le cinéphile plus que le film, l'être humain en somme, capable d'amitié, de bienveillance, de fraternité et de sympathie envers ses semblables...
 

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