samedi 3 octobre 2015

3 octobre 2015 : les Barbares


La guerre... Ah! nous savons comment vous la faites, vous autres ! Vous nous l'avez appris en nous déshéritant de nos prairies et de nos forêts, en nous chassant devant vous comme de vils troupeaux, et vous demandez pourquoi les Indiens vous haïssent ! Vous pouviez tout nous prendre, nos armes, nos moissons, notre vie ! C'était le droit de la guerre, et vous ne frappiez que nous seuls ; mais vous nous avez pris la terre qui nous a vus naître, la terre où sont enfouis les ossements de nos aïeux, la terre qui devait nourrir nos enfants ! Et le sol sacré de la patrie que l'on perd, c'est une plaie profonde que rien ne cicatrise, qui saigne à travers les âges, et qui dit à chaque génération nouvelle : Souviens-toi, souviens-toi !
(Jules Verne et Adolphe D'Ennery, Le tour du monde en quatre-vingt jours (théâtre), Atlas, 2010)

Affiche de la pièce au Splendid à Paris


Bombardements américains en Afghanistan : malgré toute leur technologie, et leurs frappes soi-disant chirurgicales, ça tombe sur un hôpital tenu par Médecins sans frontières... Douze médecins tués, et des malades aussi (mais c'est sans importance, ce ne sont que des Afghans !), sans compter les blessés. Il est vrai que probablement, les chefs talibans devaient se cacher dans l'hôpital. Ils sont tellement pervers, ces gens-là.
Les USA ne sont pas, n'ont jamais été, à un crime de guerre près. Ils ont quasiment exterminé leurs Indiens ou les ont réduit à n'être que des sous-hommes. Ils en ont commis pendant la guerre de 39-45 (en particulier Hambourg, Nagasaki, Hiroshima), mais comme ils étaient vainqueurs, ils en ont été exonérés. Ils ont continué en Corée : idem. Au Vietnam, mais là, il y eut le Tribunal Russell. On ne peut pas se cacher éternellement. En Afghanistan, en Irak, ils n'ont certainement pas dû se gêner... Avec notre bénédiction...
Mais bombarder un hôpital (et qu'ils ne racontent pas que c'est une erreur ! il est vrai qu'ils n'avaient pas, malgré toute leur technologie, vu arriver des avions sur le World trade center en 2001), c'est la première fois que je vois ça, que j'entends ça : vous comprenez maintenant pourquoi je ne regarde jamais les actualités télévisées, écoute peu les actualités radio, lis faiblement les journaux (la plupart ne sont que des sacs à pub). Si c'est pour découvrir à quoi sert notre techno-science, merci.
Et bravo au droit du plus fort ! Je croyais que les Barbares étaient seulement les autres, mais je découvre que les Barbares, ce sont aussi et peut-être surtout ceux qui sont au plus haut dans nos sociétés, qui commandent les complexes militaro-industriels, avec la complicité passive (et parfois active) des populations... Comment avoir envie de continuer à vivre, après ça ? 
Voilà qui confirme la phrase de Frédéric Roux, dans Le désir de guerre, (L'Arbre vengeur, 2014) : "C'est le Mal le lien indestructible davantage que le Bien. Ce que l'on tait. Le meurtre commis ensemble et les cadavres piétinés."
C'est terrible, je n'ai plus le moral.

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