lundi 7 mars 2016

7 mars 2016 : Côte d'Ivoire : 17-18 février : Abidjan, Grand-Bassam


Anougba : Parce que les autres ont tué leur dieu, croyant se libérer aussi. Puis ils se sont sentis vides. Pour combler ce néant, ils ont inventé un génie implacable, un dieu insatiable : l'argent.
(Amadou Koné, Le respect des morts, Hatier, 2002)
17 février : Aujourd'hui donc, je sors et me rends à pied (pas aperçu l'ombre d'un autre "Blanc") jusqu'à Blockhosso. C'est le matin, il fait déjà très chaud : j'ai remarqué qu'il y a un peu de vent l'après-midi, mais rien le matin. Je prends mon ticket de bateau-bus, attends le prochain bateau, monte. Promenade très agréable qui me fait voir Abidjan vu du centre de la lagune, Cocody d'abord, puis le Plateau. J'aperçois la mosquée. Premier arrêt : Plateau. Puis, nous traversons et je descends à Treichville. Je suis sans plan, mais Lucile m'avait dit que c'était tout droit, et je trouve facilement.
 vue d'Abidjan, du balcon de Lucile et Pierryl
Quartier très commerçant. Dans le grand marché couvert qui occupe tout un pâté de maison sur trois niveaux, les marchands sont innombrables. Apparemment je suis le seul "Blanc". Aussi suis-je assez sollicité par les uns ou les autres pour acheter des bijoux ou des marchandises diverses. Mais je cherche les marchandes de tissu à pagnes, que ma sœur Anne-Marie m'avait demandé d'acheter pour faire des têtes de lit à l'appartement de Bordeaux. Bien entendu, je n'y connais rien. Ici ou là, je tâte, je regarde les couleurs, je demande les prix. En fin de compte, je finis par faire affaire avec une vendeuse sympathique pour un prix raisonnable.
les trois tissus choisis
Il est déjà midi. Je passe un coup de fil à Pierryl dont l'usine n'est pas loin et qui doit me rejoindre pour déjeuner. Lucile m'a donné une carte SIM spéciale, car évidemment, mon téléphone ne marchait pas ici. Je lui donne rendez-vous à l'angle du marché couvert, celui qui fait face à la mairie. Il me dit qu'il est pris dans les embouteillages et qu'il faudra que j'attende vingt minutes. J'en profite pour regarder l'animation du quartier, jeter un œil sur les magasins de tissu, de l'autre côté de la rue, où j'irai acheter tout à l'heure du tissu pour me faire faire des vêtements sur mesure par un tailleur local. Beaucoup de va-et-vient, les voitures très nombreuses, roulent au pas ou ne bougent pas, dans un concert de klaxons et dans un embouteillage monstre. Beaucoup de piétons aussi, mais tous africains.
Pierryl met une heure pour faire le petit km qui nous sépare de son usine ! Mais je comprends que, vu la chaleur, il n'ait pas eu envie de marcher à pied. Faut être dingue comme moi ! On fait le tour du marché couvert et il trouve à se garer non loin du restaurant sénégalais où il a ses habitudes. Là, nous mangeons du riz au poulet excellent. Il repart et je fais les magasins de tissu. Pas évident de trouver du tissu comme je souhaite, c'est-à-dire très fantaisie et à tonalité africaine (?). Dans les premières boutiques visitées, on me propose du tissu uni ou à fines rayures quand je dis que c'est pour des chemises. On me prend pour un businessman ! Finalement c'est chez un Libanais (mais il tient la caisse et les employés sont ivoiriens) que je trouve ce qui me plaît.  
Retour au bateau-bus, comme c'est mal indiqué, je commence par me diriger vers celui qui va au terminus. L'employé me renvoie vers le bon, et en vingt minutes environ, je suis de nouveau à Blockhosso, ayant apprécié la relative fraîcheur du bateau. Je continue à pied mais par une voie parallèle au Boulevard Latrille : beaucoup moins de circulation, c'est un quartier plus résidentiel, avec davantage de verdure. Les taxis en maraude me klaxonnent cependant, sans succès. Mais j'ai soif. Je retrouve mon café de Saint-Jean. Au cyber, j'envoie un premier mail collectif en France. Puis je bois une bière (Flag, bière locale) bienvenue avant de rentrer.
Comme c'est mercredi, il y a ciné-club à l'Institut français. En ce moment : un cycle de comédies françaises récentes. Au programme, Camille redouble, de Noémie Lvovsky. Pierryl et Lucile ne l'ont pas vu, moi si, mais je veux bien y retourner. Nous mangeons d'abord, puis en voiture jusqu'au Plateau. Très peu de monde dans la grande salle climatisée. Sur les conseils de Lucile, j'avais heureusement emporté ma polaire, que j'ai enfilée ! On a bien aimé.

18 février : Aujourd'hui, je quitte Abidjan. Lucile m'a réservé une chambre à l'hôtel Koral Beach de Grand-Bassam. Elle a commandé un taxi, où je retrouve Flore, sa condisciple de Clermont-Ferrand, qui lui a succédé à l'Ambassade de France et qui veut faire visiter à ses parents venus de France l'ancienne capitale du gouvernorat de Côte d'Ivoire entre 1893 et 1900. C'est leur dernier jour, ils reprennent l'avion ce soir. Nous sympathisons, et je descends mon bagage à l'hôtel, où l'on me donne une chambre.
Et nous nous baladons à pied, d'abord dans la rue centrale. La vieille ville coloniale, classée au patrimoine de l'Unesco, aurait besoin d'une bonne rénovation. Presque tout est en ruine. Nous visitons cependant un ancien bâtiment administratif sous la houlette d'un guide. Petite exposition. Puis dans une rue transversale, nous pénétrons dans l'église. Plus loin, j'aperçois la bibliothèque municipale. Nous y entrons. Il y a trois ou quatre lecteurs, visiblement lycéens en train de préparer leurs devoirs ou exposés. Le bâtiment est frais, sans être climatisé. Les livres sont assez défraîchis. Je ne sais pas s'ils sont aidés par Bibliothèques sans frontières.

Plus loin, je photographie la Résidence Boursault, un des rares bâtiments anciens à avoir été réhabilités. Ayant soif, nous nous installons dans un maquis en bord de lagune. Nous continuons notre balade le long de la lagune, puis retraversons par une rue où des joueurs de dames jouent en plein air, avec beaucoup d'application. Flore propose qu'on passe par la plage pour trouver un restaurant qu'elle connaît. 
 la lagune
Deux km de plage environ. Nous traversons le village de pêcheurs, avec leurs belles barques, nous voyons au large un bateau de pêche. Un homme saute à l'eau et nage jusqu'à la rive. À notre grande surprise, le pêcheur a nagé avec dans chaque main un grand sac pesant rempli de poissons qu'il va sans doute rapidement aller vendre aux restaurants et aux maquis qui proposent du poisson frais. Nous constatons que les bouts de plastique, qui envahissent aussi le bord des routes ou les larges trottoirs d'Abidjan, forment également une couche épaisse sur les plages. Apparemment, il n'y a pas d'usine de retraitement des déchets, ou pas assez.
une barque de pêcheurs

Le restaurant en bord de mer est magnifique. C'est celui d'un hôtel plus luxueux que le mien. Je choisis le filet de bar, avec attiéké : absolument succulent. À la sortie du restaurant, nous prenons un taxi jusqu'à mon hôtel.
Là, je dois changer de chambre, car je constate que, dans celle qu'on m'a donnée, les fenêtres ne ferment pas, le bois ayant gonflé à cause de l'humidité, que la climatisation n'a pas l'air de marcher et que le poste de télévision a disparu ! On me donne une nouvelle chambre, proche de la piscine. Je fais la sieste illico.
sculpture en bois dans le jardin de l'hôtel

Je ressors et me rebalade, découvrant un élevage de chevaux (ils proposent des balades à cheval sur la plage, très peu pour moi) et achève en m'arrêtant pour dîner au petit restaurant tout à côté de l'hôtel. Au menu, brochettes de mérou. En bord de mer, poisson oblige ! Et, comme la wifi marche à l'hôtel, et que j'ai emporté mon note-book, j'envoie un nouveau message collectif en France.

À suivre...

PS : je ferai une page spéciale "lectures ivoiriennes", car vous vous doutez bien que j'ai lu !




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