mercredi 3 mai 2017

3 mai 2017 : Le Pen, les Juifs et les Tziganes : refuser l'inacceptable...


et le pays se perd de vouloir à tout prix se justifier d’accepter l’inacceptable.
Je veux être celui qui refuse l’inacceptable.
(Aimé Césaire, Et les chiens se taisaient, Présence africaine, 1958)

Il faut reconnaître que dans ce piège absolu qu'est une élection présidentielle, nous avons été entortillés de la belle manière. Et que chacun se trouve contraint de faire un choix ! Qui ne peut être que s'abstenir (j'en connais qui vont le faire), voter blanc ou nul (j'en connais aussi pas mal, c'était ma première idée), voter contre l'arrivée, toujours possible, de notre fascisme national xénophobe.
Trois éléments me poussent à modifier mon vote prévu initialement pour le second tour : 
 
1 - le site littéraire auquel je participe a cru bon d’ouvrir un forum élections présidentielles, qui ressemble comme 99 % des forums d’internet à une discussion du style "Café du commerce", et qui malheureusement est largement dominé par un frontiste (voire des) aux arguments pénibles, avec qui toute discussion se révèle impossible. C’est le premier point, même si de toute façon je n’aurais pas voté pour Le Pen, mais blanc ou nul. En tout cas, lire ce type de prose nauséabonde (et qui doit circuler an abondance sur le net) m’encourage vivement à faire ce que tout homme digne de ce nom doit faire, et Aimé Césaire l’a fort bien écrit dans sa pièce de théâtre : "Je veux être celui qui refuse l’inacceptable". Il est hors de doute que refuser l’inacceptable, c’est aujourd'hui, à mon sens, donner ma voix à Macron, afin que Le Pen obtienne le pourcentage de voix le plus faible possible, puisque ni les votes blancs et nuls, ni les abstentions ne sont comptabilisées dans les pourcentages ! 
Le Pen dehors ! Et qu’on ne te voie plus !
2 – les conversations familiales de ces derniers jours (puisque Mathieu et Lucile m’avaient rejoint et que nous eûmes aussi de solides discussions dans les Landes où nous sommes allés le 1er mai fêter l’anniversaire de Mathieu et de Danièle Darrieux) m’ont rappelé l’importance des "étrangers" et autres migrants dans cette affaire. Comment, eux qui ne peuvent pas voter, vont-ils subir le changement de cap qu’une victoire fasciste ne manquera pas de leur faire rudement sentir, eux qui ont déjà toutes les peines du monde (un vrai parcours du combattant !) à obtenir le droit d’asile, une carte de séjour, un logement décent ou un travail, ou même à apprendre le français, ce qui devrait être la première chose qu'on leur propose (tiens, en voilà des emplois à créer) ? Ils sont déjà suffisamment persécutés, y compris ceux qui sont simplement d’origine étrangère, harcelés par les contrôles au faciès, par les refus d’embauche, voire par des refus de logement au seul vu de leur nom, etc... Donc là aussi, il faut refuser un inacceptable pire que celui qui existe aujourd’hui ! 

Le Pen dehors, dehors !!! Et qu’on ne t’entende plus !


3 – je viens de voir le film Django, qui, tout en racontant quelques mois de la vie de Django Reinhardt sous l’occupation allemande, parle plus largement des persécutions anti-tziganes, que je connaissais bien entendu déjà, un camp près de Poitiers m’avait ouvert les yeux dessus. Je ne soupçonnais pas à quel point ce fut dur, jusqu'à l'extermination, avec la complicité de l’État Français et de ses miliciens, de sinistre mémoire. Le martyre du peuple tzigane (moins connu que celui des Juifs) est en filigrane dans tout le film. Django est traité de dégénéré par un officier allemand. Son statut de musicien le protège (les nazis voudraient qu'il vienne jouer en Allemagne, un autre officier lui demande : "Vous connaissez la musique ?", Django lui répond : "Non, mais elle me connaît !"), et il parviendra, grâce aux résistants (auxquels vont d'ailleurs se joindre quelques tziganes, eux qui pourtant n'ont jamais fait la guerre) à fuir en Suisse pour ne pas risquer de finir dans les camps comme nombre de membres de sa communauté. 
J’ai beaucoup aimé ce film qui m’a renforcé dans ma résistance à Le Pen. La plupart des tziganes ne votent pas, ne sont donc pas ou peu pris en considération par les candidats aux diverses élections, et en plus, beaucoup sont nomades ou forains. Mais il ne faudrait pas trop chatouiller Le Pen pour qu’elle nous avoue avec sa maléfique ingénuité habituelle, que, comme pour la rafle du Vél d’hiv, la France n’a pas été le moins du monde responsable de leurs malheurs durant cette période ! Il est vrai que chacun , au FN, a la mémoire courte, ou a appris que Juifs, Tziganes, homosexuels et autres sous-hommes, sont partis de leur plein gré se faire trucider dans les camps allemands...
 Le Pen, dehors, dehors, dehors !!! Et qu’on ne sente plus jamais l’odeur de la haine rance que tu dégages !

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