mardi 4 juillet 2017

4 juillet 2017 : La "Divine comédie" des cyclothécaires : Livre troisième : Le Paradis 2, les visites 2


Moi ce qui me rend à une fraîcheur d'exister – qui j'espère cessera seulement avec ma mort – c'est que l'homme ait inventé Dieu, et la musique, et d'écrire.
(Marguerite Duras, Duras filme, 1981, in Le monde extérieur : outside 2, POL, 1993)


la statue de Charlot sur les quais de Vevey
Jeudi 22 juin : la plus longue étape (en km, mais non en visites) nous attend, car nous allons arriver jusqu’au bout du lac et remonter le Rhône sur une bonne vingtaine de km. Il fait très chaud, Nous débarquons à Vevey, commune libre depuis 1356 (année de la bataille de Poitiers, perdue), et dont la bibliothèque fut créée en 1805 (année de la bataille d’Austerlitz, gagnée). Allons, je n’ai pas encore perdu toutes mes connaissances historiques. Nous sommes dans le canton de Vaud, puis irons dans celui du Valais, tous deux chers à Ramuz, un de mes écrivains préférés, dont j’avais acheté pour moi-même les œuvres complètes en cinq volumes sur papier Bible quand j’étais dans le Gers à un représentant. J’ai presque tout lu ! Et je sais que j’y reviendrai ! On m’en a parlé ici et là, dans les bibliothèques visitées, allons donc, il n’est pas oublié.

la grainothèque : bonne idée, non, pour aider à conserver les semences locales !
 
La grande idée de la Bibliothèque de Vevey est de créer un espace numérique, avec des jeux vidéo sélectionnés, des Ipad, des liseuses, des abonnements à la presse numérique. Il y a aussi un fonds en langue étrangère, des cours de français pour étrangers, un coin accueil des nouveaux arrivants, une grainothèque (où l’on propose des semences, et pas du Monsanto), un espace 14-20, créé en atelier participatif avec les jeunes pour qu’il s’approprient cet espace, etc. J’avoue que je suis en admiration (peut-être moins pour l’intrusion des jeux vidéo !...) devant le tonus de ces bibliothécaires. Il est vrai que nous sommes dans la ville où est mort Charlie Chaplin, dont une statue de Charlot orne le quai, et où a été créé un Musée dans sa maison (dont on m’a dit le plus grand bien dans le train Lyon-Genève), occasion entre autres pour moi de revenir voir ça plus tard ! Puis animation de promotion et pique-nique avant de s’élancer sur les rives de la Riviera romande, direction Montreux.

Freddy Mercury, qui n'en demandait pas tant !
 
À Montreux, pendant qu’un groupe va visiter le château de Chillon (j’ai lu sur ma liseuse Le prisonnier de Chillon, de Lord Byron), les autres se promènent dans Montreux, se baignent, se photographient devant la statue de Freddy Mercury, le chanteur des Queen, qui y venait souvent, ou font un peu d’advocacy. J’ai quasiment épuisé ma réserve de flyers, goodies et badges, je me contente de flâner en solo le long du lac, admirant les arbres en fleurs et le menu ressac.

les fameux badges à épingler sur la poitrine, qui partaient comme des petits pains, surtout avec les gamins
  
Puis nous partons pour les cinquante derniers km, récupérant au passage le groupe de Chillon, admirons les coteaux de vignobles en terrasses d’un côté, le lac et les Alpes de l’autre côté. Près de trois heures de route et surtout de piste cyclable le long du Rhône, qui se montre à nous en majesté, très puissant et grondant : s’agit pas de tomber dedans ! Il y a une pause bienvenue, néanmoins, je finis par décoller du groupe et par me retrouver à la queue, en compagnie de mon capitaine de route ange gardien. J’étais fatigué certes, mais moins que mardi dernier, c’est surtout que ça roulait trop vite pour moi, et pas assez de pauses pour reprendre son souffle sous l'accablante chaleur.

notre logement à Saint-Maurice
 
Enfin, nous arrivons à Saint-Maurice, petite bourgade du Valais, où nous sommes accueillis très officiellement sur la place devant la Médiathèque. Discours et boissons, repos bien mérité et installation dans l’hostellerie franciscaine, qui propose aussi des retraites pour ceux qui veulent se ressourcer, loin du bruit. J’ai déjà oublié si j’avais une chambre individuelle ou si nous étions deux ou trois. En tout cas, repas exceptionnel, avec une raclette valaisanne. Je ne m’en suis pas goinfré, sachant que c’est assez lourd à digérer, et que le lendemain matin, le départ serait tôt.

la fameuse raclette, servie par un moine (?)
 
Vendredi 23 juin : au matin, visite, successivement de la Bibliothèque de l’Abbaye de saint-Maurice, aux beaux livres anciens, puis de la Médiathqèue communale de Saint-Maurice. Cette dernière a la charge de développer le réseau du Valais, elle fait du prêt dans tout le Valais. Elle dessert aussi les écoles et le collège, fait des ateliers avec les classes, propose des services en ligne (tutoriels, ebooks, plate-formes d’autoformation)... Ça m’a paru une belle réussite.

la Médiathèque de Saint-Maurice
  
Puis nous partons vers la France, nous redescendons par la piste cyclable, pique-niquons au Bouveret, où se produisit le seul incident notable : Claudia, la jeune étudiante de l'HEG, fait une fausse route en mangeant son sandwich et manque de s’étouffer. À la suite de quoi elle a eu une crise de panique bien compréhensible, et a dû être rapatriée sur Lausanne par le ferry du lac : j'espère qu'elle s'est remise, car elle est très sympathique. Puis nous connûmes l’enfer des automobiles et camions sur la route jusqu’à Évian (petite pause rapide à la bibliothèque), puis jusqu’à Thonon, où la réception officielle fut grandiose, avec les élèves de l’école de musique (classe saxo) qui nous firent un beau concert. Après l’installation à l’hôtel Ibis, apéritif dînatoire à la Médiathèque de Thonon, où une accordéoniste nous fit même danser.

la classe de saxo de l'école de musique de Thonon
 
Samedi 24 juin : retour à la bibliothèque pour des ateliers et la présentation du projet de transfert dans un ancien couvent dont on couvrira le cloître par une verrière. Bonjour la chaleur, pensais-je ! Je participe à l’atelier sur les mots, car j’ai remarqué – et j’en ai félicité la bibliothécaire - que le fonds poésie était tout à fait important et surtout signalé par un grand panneau, alors qu’il était souvent extrêmement riquiqui, voire invisible (il faut chercher, comme disait notre ineffable bibliothécaire de Sainte-Anne en Grande-Terre), dans les autres bibliothèques visitées jusque-là. Il est vrai que la poésie est sûrement moins demandée que les jeux vidéos (?). Visite également du Musée du Chablais, avec une belle exposition sur la batellerie d’autrefois et sur la contrebande transfrontalière.




Et nous quittons Thonon pour Yvoire où nous pique-niquons au bord du lac, puis pour Genève, dernière étape où nous attend sur le quai une fanfare à vélo qui va nous précéder à la Bibliothèque de la Cité, où la réception est grandiose : bière "vélosophie", petites choses à manger, visite rapide, adieux et récupération des bagages pour une dernière nuit à l’AJ de Genève dans mon cas, beaucoup prenant le train le soir même.

la fameuse bière créée pour Cyclo-biblio (?) et fort bienvenue après la dernière côte assez raide


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