lundi 5 mars 2018

5 mars 2018 : L'Âge de faire


l’époque du capitalisme ouverte après-guerre est celle d’une guerre générale contre le vivant, guerre qu’il mènera jusqu'au dernier instant car c’est une condition impérative de sa survie.
(Jean-Marc Royer, Le monde comme projet Manhattan. Des laboratoires du nucléaire à la guerre généralisée au vivant, Le Passager clandestin, 2017)


Je suis également abonné au journal mensuel L’âge de faire, et ce, pratiquement depuis ses débuts (2005), car nous participions assidûment, Claire (malgré sa maladie) et moi, à toutes les tentatives pour créer un monde nouveau, libéré de l’argent, de la super-productivité agricole (ce pourquoi nous étions membres d’un jardin collectif associatif, qui me manque beaucoup à Bordeaux), du diktat technologique dont nous voyions la pointe du nez et qui désormais est en train de nous broyer (en tout cas, nous les vieux, qui ne pouvons plus suivre, mais aussi bien les jeunes, complètement asservis à leur extension digitale, et dont beaucoup m’apparaissent comme des zombies)… J’ai participé à la vente militante du journal lors de salons bio (Poitiers, Bordeaux, où j’ai eu le plaisir de rencontrer Alain Juppé et de lui vendre quelques exemplaires de la revue) en me portant volontaire pour tenir le stand avec quelques autres. Je suis d’autant plus surpris (mais ça ne m’étonne pas), de voir qu’il est sous-représenté dans les abonnements des Bibliothèques universitaires en France : 25 seulement y sont abonnées soit dix fois moins que l’Obs par exemple, et sans doute des bibliothèques municipales, absent au catalogue de la Médiathèque de Bordeaux, par exemple.


Chaque numéro comprend un courrier des lecteurs , des articles de fond sur des sujets divers parfois réunis en dossiers (ce mois-ci, sur le sport-spectacle, un pur régal pour ceux qui, comme moi, détestent le sport de compétition, "machine monstrueuse qui engendre des monstres", tant sur les terrains que dans les tribunes1) concernant l’écologie, la défense de l’environnement et des services publics, les savoir-faire perdus et nouveaux, la critique du productivisme tout azimut, le travail coopératif, les médecines et gymnastiques non-conventionnelles, le jardinage, les OGM et les animaux, l’éducation, des portraits sur des personnalités peu connues que vous ne trouverez pas ailleurs, des recettes de cuisine (ce mois-ci, le flan thaï à la courge butternut, un régal aussi), des critiques de livres et des conseils pour vivre mieux.
Ce périodique associatif est vendu presque exclusivement sur abonnement ou sur des stands, quand le coût de l’emplacement n’est pas abusif pour l’association. Voilà donc qui complète, sur d’autres plans, mes lectures de La décroissance, et des quelques livres et penseurs d’aujourd’hui qui présentent une critique constructive du "progrès".

1 Cf le regretté Albert Jacquard : "Quand nos ancêtres allaient à la chasse au bison, l’important, c’était pas qu’ils soient, individuellement, plus forts que l’autre, mais qu’ils soient, collectivement, plus forts que le bison. Par conséquent, je ne vois guère la nature humaine justifier ce désir de l’emporter sur l’autre".

Aucun commentaire: