lundi 14 mai 2018

14 mai 2018 : Cuba, impressions de campagne


La véritable instruction est celle qui vous dépayse.
(André Gide, Journal, 12 juillet 1934)


photo de groupe : de gauche à droite, au balcon du théâtre de Cienfuegos :
Maria-Julia, Anne-Marie, Didier, Marie-Cécile, Patricia, Dorothée, Lenny, Colette, Josué
(manquent Marie-France et Jipé)

Dépaysement, c’est vraiment le mot qui sort de la bouche, quand je repense à ce qu’on a vu là-bas. Nous étions donc onze : deux de mes sœurs (Anne-Marie et Marie-France) et les beaux-frères correspondants (Josué et Helenio, dit Lenny), un couple du Cher : Didier et Marie-Cécile, une Parisienne : Patricia, deux Montoises, Colette et Dorothée, Maria-Julia, la Cubaine de Mont de Marsan et votre serviteur. Anne-Marie avait tout organisé (à la perfection) avec l’aide d’une agence de voyages de la capitale landaise (pour les avions et les hôtels), de Maria-Julia pour dresser l’itinéraire et les choses à voir, et avait réservé elle-même les chambres d’hôte et la compagnie de taxis qui nous a déplacés d’un lieu à l’autre de cette île si vaste. Bravo, car elle a dû y passer beaucoup de temps à l’agence et sur internet, et tout a bien fonctionné !

les fameux taxis qui nous ont emmenés d'un bout à l'autre de l'île

L’itinéraire fut le suivant : La Havane en casas particulares chez Armando (11-14 avril), 170 km en taxi jusqu’à Viñales (logement à l’hôtel 15-16 avril), retour à La Havane puis 230 km en taxi jusqu’à Playa Larga (logement à l’hôtel 17-18 avril), 130 km en taxi vers Cienfuegos (logement en casas particulares chez Manolo 19-20 avril), 100 km en taxi jusqu’à Trinidad (logement à l’hôtel 21-23 avril), 260 km en taxi vers Camaguey (logement à l’hôtel 24 avril), 330 km de taxi vers Santiago de Cuba (logement à l’hôtel 25-30 avril), avion local jusqu’à La Havane (de nouveau en casas particulares chez Carlos du 1er au 4 mai). Je donne des distances approximatives, n’ayant pas de carte sous les yeux et les compteurs des taxis ne marchaient pas toujours, mais cela veut dire dans les 1500 km au bas mot sur des routes souvent médiocres.
Ce qui m’a le plus plu là-bas, en dehors de l’atmosphère générale, à la campagne : 

un séchoir à tabac
 
la ferme de Viñales où l’on cultive du tabac et les explications qui nous ont été données par l’ouvrier agricole noir préposé à ça dans le hangar de séchage du tabac, et qui a expliqué le roulage et la fabrication de cigares. Outre qu’il avait un très beau visage, ce que Colette m’a confirmé (autant signaler, me souvenant de ma mésaventure de Melbourne en 2015, que si je n’ai pas photographié les personnes, autant Colette a fait beaucoup de portraits), il a fait une démonstration parfaitement documentée. Puis nous avons visité le reste, avec les clapiers à lapins, le cochon dans son enclos, et dégusté le rhum qui est très léger à Cuba : 14°. Ce qui explique qu’on a vu très peu de poivrots pendant notre séjour ! 

la hutte de l'Indien, près de la grotte
 
Toujours à Viñales, l’excursion dans la petite montagne, avec l’arrêt à la Cueva del Indio (grotte de l’Indien) : avant d’y pénétrer, on passe devant le reconstitution d’un campement amérindien. La visite se termine par une promenade en barque dans la rivière souterraine.

la sortie de la grotte (un autre bateau nous suivait et s'apprête à sortir)

À la fin du séjour, la visite de la finca de Carlos, notre hôte de La Havane, avec sa bananeraie, ses arbres fruitiers (manguiers, goyaviers), son petit élevage ; j’ai noté au passage que ses employés agricoles, tous noirs, sont assez misérablement logés dans une case en bois en tout point semblable à celles de La rue Cases-nègres de Joseph Zobel.

un des veaux de Carlos

À proximité de Playa Larga, l’impressionnante ferme aux crocodiles ; ceux-ci sont logés dans des sortes de bassins bétonnés et remplis d’eau, par taille. Ils sont destinés à l’alimentation mais aussi à la maroquinerie, ou à être expédiés dans des zoos. C’est assez effrayant à regarder, mais fascinant.
  

un crocodile à l'affût, dans l'herbe


Non loin de là, voyage en bateau sur la lagune vers Aldea Taïna, une petite île où a été reconstitué un village indien ; de belles sculptures représentent les Amérindiens dans leurs activités ordinaires : chasse et pêche. 

non loin, dans un arbre, une termitière
 
À proximité de Trinidad, excursion vers une ancienne plantation sucrière, l’Hacienda de los destiladoras San Isidro. On y voit la maison du maître, la tour destinée à surveiller les esclaves pour les empêcher de s’échapper, les ruines des habitations destinées aux esclaves, des pressoirs et des moulins... Un vrai site archéologique !

la tour de guet : gare aux cimarrons (esclaves qui s'enfuient)

Près de Santiago, visite du Fort Morro, destiné par les Espagnols au XVIIIème siècle à protéger la côte sud des attaques des pirates de la Caraïbe ; puis de là, départ en bateau vers la petite île Largo Granma, avec son village de pêcheurs : très bon repas dans un joli petit restaurant, El Marino, où deux musiciens sexagénaires, le chanteur costaud et svelte, le guitariste avec un bel embonpoint, nous ont gratifié d’un petit concert de superbes chansons.

le Fort Morro
 
Sinon, nous avons traversé la campagne avec nos fameux taxis, assez confortables. Quelques observations : l’omniprésence des chevaux (comme animaux de trait, de travail, ou de déplacement), l’élevage extensif de bovins et, de temps en temps, d’ovins, les nombreuses friches, les rizières et les bassins de pisciculture (Cuba toujours soumise au blocus américain, a dû dans les années 90, après l’effondrement du bloc soviétique qui lui apportait une aide économique importante, reconsidérer son agriculture pour tenter de parvenir à l’autosuffisance alimentaire, notamment en lait et en riz, en poulets et œufs, en poissons, en légumes et fruits divers), les montagnes plus ou moins élevées (la Sierra Maestra au sud-est, culmine à 1990 m), les petits villages entraperçus. Les gens de la campagne circulent à pied, à cheval ou sur des carrioles, à bicyclette, sur des vélomoteurs, scooters ou motos, mais il y a peu de circulation automobile, des poids lourds surtout. Les autobus (parfois sous forme de camions aménagés qui ressemblent à des bétaillères) et taxis collectifs sont pris d’assaut. Le stop a l’air aussi de fonctionner. 

un cavalier (il monte à cru)
 
Mais il y faisait très très chaud. On a eu de 30 à 40°. Les Cubains font avec, mais on comprend que la productivité soit vraisemblablement assez faible et que les gens qui se déplacent à pied n’aient aucune envie de se presser ! Les animaux eux-mêmes, soumis à des chaleurs pareilles, et n’ayant sans doute qu’une végétation assez sèche et peu d’eau (beaucoup de rivières étaient à sec), recherchaient l’ombre ; et ils n’étaient pas épais. Vaches, chevaux, chèvres, jusqu’aux poulets, aux chiens et aux chats, étaient plutôt maigres ; seuls les cochons que nous avons vus avaient l’air un peu gras. Avantages du blocus : il paraît que les paysans n’utilisent que très peu de produits chimiques dans les champs et qu’ainsi les productions sont plus ou moins bio. Et la nourriture saine, quoique peu variée...

attelage de bœufs

 À suivre...

Aucun commentaire: